Isbergues

Origine du nom


Le nom du village apparaît pour la première fois, sous la forme IBERGA, dans un document de 1138 (charte de Milon, évêque de Thérouanne, par laquelle il donne l'autel et la dîme d'Isbergues à l'abbaye d'Arrouaise). La forme primitive IBERGA est la transcription latinisée de la prononciation populaire IBERQUE, qui n'a pas totalement disparu.

Il s'agit, selon M. Gysseling, d'un toponyme d'origine germanique formé sur Iwa = if et Berga = colline. Le village d'Isbergues devrait donc son nom à la " colline des ifs " qui aurait existé autrefois sur son territoire. Cette étymologie s'accorde avec la topographie des lieux (la colline dite " Mont de Cocagne " occupe le centre du village).

Les origines légendaires


L'église d'Isbergues était primitivement dédiée à saint Pierre, qui fut supplanté au XVe siècle par sainte Isbergue, patronne actuelle de la paroisse.

Dans sa version la plus ancienne, rédigée au XVe siècle par un auteur anonyme (sans doute un chanoine d'Aire) sous le titre " Vita Sanctae Itisbergae Virginis ", la légende de sainte Isbergue nous raconte la vie d'une certaine " Itisberga ", fille de Pépin le Bref et de Berthe au grand pied (donc sœur de Charlemagne). Retirée à Aire, Isbergue rencontre l'ermite Venant et décide de se consacrer à Dieu. Demandée en mariage par le roi du Portugal, elle est subitement défigurée par la lèpre, puis guérie en mangeant le poisson retrouvé sur le corps de Venant, décapité par des brigands. Par la suite, les hagiographes du XVIIe siècle, comme Malbrancq, se sont rendu compte que Charlemagne n'avait qu'une sœur, nommée Gisèle, et en ont conclu que sainte Isbergue s'appelait en réalité Gisèle.

Il existe à Isbergues, dans la rue de la Chapelle (devenue rue Arthur-Lamendin), une source connue sous le nom de " fontaine Sainte-Isbergue " (dénomination attestée depuis le début du XVIe siècle). C'est là, d'après la légende, que se retrouvaient Isbergue et Venant. Les eaux de cette source ont la réputation de guérir les maladies de la peau et des yeux. Il s'agit, semble-t-il, d'une ancienne source sacrée, dont l'origine pourrait remonter à l'époque celtique. La " chapelle sainte Isbergue ", construite près de la source au début du XVIIe siècle, a été reconstruite en 1862 dans le style néo-roman. Elle est le centre d'un pèlerinage qui a lieu à partir du 21 mai (fête de sainte Isbergue).

Les guerres et la population

L'histoire d'Isbergues au cours de la Guerre de Gent Ans est mal connue, mais on peut estimer que la population fut réduite de moitié au cours de cette période : en 1469, le village ne comptait plus que 62 " feux ", soit environ 300 habitants.

Les guerres des XVIe et XVIIe siècles, et leurs conséquences sur la population, sont beaucoup mieux connues. L'Artois, passé sous la domination espagnole en 1529, est envahi à deux reprises par les Français : en 1537, puis en 1542-1544. Le village d'Isbergues est ravagé par les Français en 1537 mais échappe de justesse aux ravages de la guerre en 1542-1544. La reconquête de l'Artois par les Français, à partir de 1635, représente le début d'une nouvelle époque tragique qui se terminera seulement en 1713.

Les années 1636-1641 sont particulièrement meurtrières dans la région d'Isbergues, soumise aux ravages conjugués de la guerre (les deux sièges d'Aire de 1641) et des épidémies. La peste, qui avait déjà sévi à Isbergues en 1626 (58 décès), réapparaît en 1636 (66 décès) et en 1638-1640 (300 décès) : en l'espace de cinq ans, elle a fait disparaître la moitié de la population ! Pour comble de malheur, un incendie causé par la foudre détruit l'église d'Isbergues en 1642 : il faudra exactement un siècle pour la reconstruire.

Le village connaît encore deux pointes de mortalité épidémique : en 1676 (44 décès d'août à novembre) et en 1710-1711 (105 décès). Le retour de la paix (1713) permet à la population de retrouver très vite un niveau élevé (717 habitants en 1790).

L'installation des aciéries


Le 7 mars 1882, la Société des Aciéries de France, fondée l'année précédente par l'industriel belge Eugène Dorlodot, avait sollicité du sous-préfet de Béthune " l'autorisation d'établir à Isbergues, au lieu-dit le Bray, une usine à fabriquer la chaux, les produits réfractaires, le coke avec fours fumivores, la fonte, le fer, l'acier et tous objets fabriqués avec ces métaux ". L'autorisation fut accordée le 12 avril suivant et la construction de l'usine commença aussitôt, sur le terrain (32 ha) acheté en 1881. La première coulée d'acier eut lieu le 6 mars 1883. Le 2 juin 1889, l'usine eut l'honneur de recevoir la visite du Président de la République, Sadi Carnot, qui était en déplacement officiel dans le Pas-de-Calais.

L'installation des aciéries a provoqué un afflux massif de sidérurgistes belges (cadres et ouvriers qualifiés) venus de la région de Mons-Charleroi. En 1886, on compte ainsi 604 étrangers (tous Belges) vivant à Isbergues, ce qui représente 28 % de la population. La plupart d'entre eux résident dans le quartier du Pont-à-Balques, à proximité de l'usine. Une deuxième vague d'immigration se produit au lendemain de la première guerre mondiale (Portugais) et une troisième dans les années 1930 (ouvriers polonais venus de la région de Commentry lors du transfert de la tôlerie).

Bibliographie

Dissaux Jean-Marc, Histoire d'Isbergues des origines à nos jours.
Edmont Thierry, La Société des Aciéries de France.
Dissaux Jean-Marc, Baptêmes d'Isbergues (1598-1694).
Collectif, Chroniques villageoises, tome I (1837-1914).
Collectif, Chroniques villageoises, tome II (1919-1939).
Dissaux Jean-Marc, Dictionnaire topographique de la région d'Isbergues.
Dissaux Jean-Marc, Dictionnaire patoisant de la région d'Isbergues.
Dissaux Jean-Marc, La guerre de 1537 en Artois, tome II.
Dissaux Jean-Marc, Engrand Jérôme, Pouchain Germain : La région d'Isbergues en cartes postales anciennes
Dissaux Jean-Marc, Engrand Jérôme: Nos ancêtres d'Isbergues
Dissaux Jean-Marc, Engrand Jérôme, Pouchain Germain : Histoire des Aciéries d'Isbergues des origines à nos jours.
Dissaux Jean-Marc, Engrand Jérôme, Pouchain Germain : Le personnel de l'usine d'Isbergues (1881-1939)
Dissaux Jean-Marc, Engrand Jérôme, Pouchain Germain : Recueil de documents sur l'usine d'Isbergues (1881-2006)
Dissaux Jean-Marc: La légende de Sainte-Isbergue.

Histoire d'Isbergues

Le premier chapitre de ce livre évoque la vie de sainte Isbergue, patronne de la paroisse, qu'une tradition légendaire identifie à Gisèle, sœur de Charlemagne, mais dont il faut chercher l'origine, en réalité, dans le culte des sources de l'époque celtique. Les chapitres suivants, qui retracent l'histoire du village de la préhistoire à nos jours, accordent une large place à la démographie historique, en raison de la richesse exceptionnelle des registres paroissiaux et des archives locales (conservées depuis 1538). L'histoire récente est centrée sur le développement des aciéries, qui s'installent à Isbergues en 1882.

La seconde partie du livre rassemble une série de documents d'archives inédits, parmi lesquels on trouve, notamment, la liste des chefs de famille domiciliés à Isbergues en 1569 et plusieurs autres listes nominatives qui intéresseront les amateurs de généalogie.

Ouvrage imprimé, format 17 x 24 cm, 268 pages, 100 illustrations noir et blanc, couverture en quadrichromie (tableau représentant la légende de sainte Isbergue).

En vente auprès de l'auteur :

Prix : 20 Euros (franco de port)

Auteur : Jean-Marc DISSAUX

Isbergues: Pont Levis

Isbergues: Rue de la Brasserie (Anatole France) en 1905

Isbergues: Grand Coron ( Rue Pasteur) avant 1911

Isbergues: Le Pont à Balques (Rue Roger Salengro) avant 1910