Molinghem

Origine du nom

La première mention connue du village apparaît en 1066, sous la forme " Mallingem ", dans un acte de Philippe Ier, roi de France : " Apud Mallingem terras cum silvis et pratis ".

La forme primitive " Mallingem " est issue du germanique " Malinga haim ", que l'on peut traduire par " domaine de Malo ". Les toponymes formés sur le suffixe " inga haim " correspondent, selon M. Gysseling, à une " nouvelle mode toponymique " née au VIe siècle. Le passage de " Mallingem " à " Molinghem " résulte d'une lente évolution qui s'est produite du XIIe au XVe siècle : Malingem (1211), Maulinguehem (1236), Molinguehem (1415). La forme moderne " Molinghem " s'impose définitivement à partir du XVIe siècle. La prononciation populaire " Molinguin " a pratiquement disparu de nos jours, au profit de la prononciation officielle calquée sur l'orthographe.

La toponymie d'origine germanique est représentée également par les lieux-dits " Balques " et " Waterlot ", attestés tous les deux depuis le milieu du XIIIe siècle. Les autres lieux-dits sont d'origine romane.

L'archéologie

Les premières traces laissées par l'homme sur le territoire de Molinghem remontent à l'époque néolithique (silex taillés retrouvés à la surface du plateau), mais les premières traces indiscutables de peuplement apparaissent au lendemain de la conquête romaine. Le site le plus intéressant, découvert en 1991 par Gilles Pouchain, correspond au lieu-dit " les Grands Sarts ". La nature et l'abondance des objets collectés lors des prospections de surface permettent de penser que le site fut occupé par une " villa " gallo-romaine du Ier au IIIe siècle, puis abandonné au siècle suivant, probablement en raison de la remontée du niveau de la mer, enfin réoccupé ultérieurement, peut-être dès le IXe siècle, au plus tard à partir des XIe-XIIIe siècles.

Les guerres et la population

Les événements survenus à Molinghem pendant la Guerre de Cent Ans sont mal connus. On sait simplement que le village fut détruit de fond en comble en 1347 par les Anglais et les Flamands : " De aliis duabus partibus emolumentorum dicte ecclesie de Maulinghem nichil potuit haberi, quia dicta parrochia fuit penitus destructa per Anglicos et Flamingos ". En 1469, il ne comptait plus que 31 feux, soit 150 habitants environ. En 1569, on y dénombrait 68 habitations. En l'espace d'un siècle, la population avait donc doublé, malgré les ravages de la guerre subis en 1537. Le niveau maximal est atteint au début du XVIIe siècle (450 habitants). La croissance démographique est brutalement interrompue dans les années 1636-1640, période au cours de laquelle la peste fait disparaître la moitié de la population. La dernière crise démographique importante se produit en 1710-1711 (150 décès en l'espace de quelques mois, soit le tiers au moins de la population). La croissance devient ensuite beaucoup plus régulière : on compte 300 habitants en 1715 et 509 habitants en 1790.

L'urbanisation

La géographie du peuplement a été profondément modifiée dans la décennie 1911-1921, qui correspond à la construction de la cité Saint-Eloi par la Société des Aciéries de France (logements destinés aux salariés des Aciéries d'Isbergues). Les 260 maisons qui composaient cette cité ouvrière formaient deux groupes distincts : celui de l'ouest, connu sous le nom de " cité des maréchaux ", comprenait la rue Foch, la rue Joffre et la rue Pétain (rebaptisée rue de la Libération) ; celui de l'est comprenait la rue Cense-Balques, la rue Le Chatelier et la rue du Docteur-Roux. A elle seule, la cité Saint-Eloi abritait 1097 habitants en 1921, soit 45 % de la population communale et 80 % de celle du quartier de la gare. Le centre de gravité de la commune se trouvait désormais dans le quartier de la gare, où se concentrait la moitié de la population. Cette situation fut consacrée officiellement, en 1935 et 1936, par le transfert de la mairie et la construction d'une nouvelle église, connue sous le nom de " chapelle Saint-Eloi ".

Bibliographie

Dissaux Jean-Marc, Histoire de Molinghem des origines à nos jours.
Pouchain Germain, Les briqueteries de Molinghem.
Pouchain Germain, La gare de Berguette-Isbergues.
Pouchain Gilles, La paroisse Saint-Maurice de Molinghem (1802-1954).
Pouchain Gilles, Racines d'un terroir, tome II.
Vandembeuche Ghislain, Mariages de Molinghem (1597-1897).
Edmont Thierry, La Société des Aciéries de France.
Collectif, Chroniques villageoises, tome I (1837-1914).
Collectif, Chroniques villageoises, tome II (1919-1939).
Dissaux Jean-Marc, Dictionnaire topographique de la région d'Isbergues.
Dissaux Jean-Marc, Dictionnaire patoisant de la région d'Isbergues.
Dissaux Jean-Marc, La guerre de 1537 en Artois, tome II.
Dissaux Jean-Marc, Engrand Jérôme, Pouchain Germain : La région d'Isbergues en cartes postales anciennes

Molinghem: Quartier du Rietz

Molinghem: La Mairie, les écoles et le Rietz en 1908