Guarbecque

Origine du nom

Le village doit son nom à la rivière, dite la Guarbecque, qui limite son territoire au nord et à l'ouest. Il s'agit, selon M. Gysseling, d'un toponyme d'origine germanique formé sur Gabra (marécage) et Baki (ruisseau) : Guarbecque signifie donc " ruisseau qui coule dans un marécage ". La dénomination du village correspond probablement à l'installation des Francs dans notre région et pourrait donc remonter à l'époque mérovingienne. La toponymie germanique est également représentée par " Carluy " et " Fauquethun ", qui sont peut-être d'origine saxonne.

Le village est mentionné pour la première fois, sous la forme latinisée " Gauerbeca ", dans un document de 1161. On trouve aussi un certain " Walterus de Gaurebeka " cité comme témoin dans une charte de 1115. En revanche, contrairement à ce que pensait l'abbé Flippe, les mentions de " Marsbecca " et de " Warberca ", relevées dans des documents de 887 et 1079, ne présentent aucun rapport avec l'histoire de Guarbecque.

La graphie actuelle, avec adjonction d'un U superflu après le G, apparaît seulement en 1640 (dans le registre paroissial) ; elle est peut-être due à l'influence de la prononciation populaire " Guerbecque ". La prononciation officielle est restée fidèle à l'orthographe du XVIe siècle, héritée du Moyen Age : " Garbecque " et non " Gwarbecque " !

L'église et la paroisse

La paroisse de Guarbecque appartenait autrefois au diocèse de Thérouanne. Elle était placée sous le patronage de saint Nicolas. La première mention connue de la paroisse et de son saint patron apparaît dans une charte de 1173 : " parrochiam sancti Nicholai de Gauerbeka ".

L'église de Guarbecque, classée monument historique en 1909, a retenu depuis longtemps l'attention des archéologues et tous les auteurs s'accordent pour reconnaître l'intérêt de son architecture et la beauté de son clocher. Dans l'état où elle se présente aujourd'hui, elle appartient à plusieurs époques. L'église romane a été construite, dans la seconde moitié du XIIe siècle, en lieu et place d'une église plus ancienne, dont elle a réutilisé le plan et les fondations, mais aussi, en plusieurs endroits, la partie basse des murs, constituée de grès grossiers. La nef et les collatéraux ont été reconstruits vers 1700 et la sacristie ajoutée à la même époque. Le chœur, le transept, le clocher et la façade ouest, ainsi que les fonts baptismaux, constituent la partie romane de l'église.

Les guerres et la population

En raison des ravages subis pendant la Guerre de Cent Ans, le village de Guarbecque ne comptait plus que 37 feux en 1469, au lieu de 75 environ vers 1300. La population augmente ensuite régulièrement, malgré le retour périodique des guerres et des épidémies : 60 feux (soit 300 habitants environ) en 1569, 492 habitants en 1698 et 650 habitants en 1790.

Le village fut ravagé par les Français en 1537, mais épargné en 1542-1544. La peste semble avoir sévi dans les années 1582-1584, 1596-1598, 1626, 1636-1642 et 1657-1658. La pointe de mortalité des années 1693-1695 (51 décès) est due probablement à la disette et aux maladies qui ont suivi la mauvaise récolte de 1693, alors que celle de 1710-1711 est due au retour de la guerre (250 décès). Les épidémies ne disparaissent pas totalement au siècle suivant : les plus meurtrières surviennent dans les années 1801-1803 (124 décès, soit 20 % de la population), 1841 (33 décès) et 1866 (38 décès). En revanche, les deux premières épidémies de choléra (celles de 1832 et de 1849) semblent avoir épargné la population de Guarbecque, comme le signale la réponse au questionnaire de 1861 (qui en attribue le mérite à la protection de saint Roch).

Bibliographie

Dissaux Jean-Marc, Histoire de Guarbecque des origines à nos jours.
Pouchain Gilles, La paroisse Saint-Nicolas de Guarbecque.
Dissaux Jean-Marc, Baptêmes de Guarbecque (1582-1668).
Collectif, Chroniques villageoises, tome I (1837-1914).
Collectif, Chroniques villageoises, tome II (1919-1939).
Dissaux Jean-Marc, Dictionnaire topographique de la région d'Isbergues.
Dissaux Jean-Marc, Dictionnaire patoisant de la région d'Isbergues.
Dissaux Jean-Marc, La guerre de 1537 en Artois, tome II.
Dissaux Jean-Marc, Engrand Jérôme, Pouchain Germain : La région d'Isbergues en cartes postales anciennes